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Entretien voyageur : Xavier Amouroux, responsable de la communication institutionnelle externe à Crédit Agricole S.A.

Propos recueillis par Thibault Barat le 10 octobre 2016 à Paris…

Bonjour Xavier, présentez-vous s’il vous plait en quelques mots.

Bonjour, j’ai 45 ans et je suis responsable de la communication institutionnelle externe (marques, réseaux sociaux, mécénat…) pour la direction de la communication de Crédit Agricole S.A. Fréquemment, mes déplacements se font avec une ou plusieurs personnes de mon entreprise, notamment lorsque nous organisons l’Assemblée générale des actionnaires qui se tient une année sur deux en région, à Bordeaux et Lille pour les dernières éditions en 2013 et 2015.

Quel voyageur d’affaires êtes-vous Xavier ?

Mes déplacements sont essentiellement en France, de l’ordre de 4 à 5 fois par an. Et comme le groupe est aussi présent à l’international, je suis amené à aller à Milan une fois par an en moyenne (nb : l’Italie est le second pays du groupe après la France pour la banque de détail) et en Allemagne (Francfort) où je suis allé une fois en 3 ans. Les déplacements durent 1 journée dans la plupart des cas en France et parfois intègrent une à deux nuits sur place à l’étranger, même s’il m’arrive de faire Paris-Milan dans une même journée.

Comment organisez-vous vos déplacements professionnels avant votre départ ?

Le groupe met à disposition un outil de réservation (intranet dédié) avec le partenaire voyagiste référencé par la direction des achats de l’entreprise. Nous disposons d’une véritable autonomie grâce à cet outil pour identifier les trajets et les hébergements. Bien sûr, cela s’exerce avec des règles de voyages précises (les principales concernant les classes de voyage et le choix de l’hébergement), des consignes, etc. Par exemple, je choisis les hébergements dans la liste des hôtels agrées par mon entreprise car respectant les grilles tarifaires du groupe. A hôtels offrant un rapport coût/qualité similaire, je privilégie celui qui sera situé le plus près de mon lieu de rendez-vous ou de travail en déplacement : si je peux éviter de rajouter des trajets locaux au voyage pro, cela rend la vie plus simple.

Clairement, comment jugeriez-vous la procédure « déplacements professionnels » mis en place par votre entreprise ? Qu’est-ce que vous appréciez particulièrement ? A contrario, qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?

Le process et les outils sont de bonne qualité. J’apprécie que les choix soient très ouverts, avec par exemple, la possibilité de réserver des vols sur des compagnies comme Easyjet, offrant ainsi plus de choix pour les horaires et les tarifs.

Depuis vos tous premiers déplacements professionnels, avez-vous constaté une évolution de votre façon de voyager pour le business ?

Depuis plus d’une quinzaine d’années que je travaille, je vois peu de changements radicaux dans les déplacements pro.

Le plus important que je constate est la diminution du nombre de déplacements en raison des nouvelles technologies (visioconférences, outils de messagerie et de tchat,…). La seconde tendance est la prépondérance de déplacements très courts sur une journée pour les déplacements en France mais aussi en Europe. Avec une offre toujours plus grande de fréquences mais aussi des temps de trajets raccourcis, il est possible, depuis Paris, de réaliser des allers-retours dans la journée que ce soit vers Londres, Bruxelles, Milan, Francfort comme on le fait pour Lille, Marseille ou Bordeaux.

Passons à « Xavier, le voyageur d’affaires ».

Disposez-vous d’un smartphone mis à disposition par votre entreprise ?

Je possède un smartphone pro. Hors de France, je coupe la fonction “Données à l’étranger » et ne l’active qu’en cas de nécessité. Car avec du WiFi dans les gares ou les aéroports, les espaces de travail, les hôtels…, cela permet d’être connecté en limitant les coûts pour l’entreprise.

Quelles sont vos applications voyages préférées ?

Mes applications préférées pour mes déplacements sont Citymapper (pour les trajets en ville), Apple Wallet (pour stocker mes billets électroniques) et les applis des compagnies aériennes que j’utilise fréquement (pour avoir mes réservations, horaires, infos pratiques à portée de main). J’apprécie aussi Google Maps dont la fonction « Télécharger des zones hors connexions » permet de sauvegarder un plan de ville même si on n’a pas de connexion ou de réseau.

A titre personnel, je suis un grand utilisateur de Kayak (je trouve son interface très bien faite pour identifier les meilleurs vols, gérer les correspondances), de SeatGuru (pour choisir ma compagnie aérienne et mon siège en avion), et du site FlightReport (pour consulter les avis des passagers aériens sur leurs expériences de voyage que ce soit les aéroports ou les compagnies, et auquel il m’arrive de contribuer également).

Quelle est l’application voyage dont vous rêvez et qui n’existe pas ou que vous ne connaissez pas encore ? 

Elle n’existe pas encore à ma connaissance. Je rêve d’une appli qui serait un véritable carnet de voyages personnel unique intégrant des données “externes” (cartes, plans, avis de consommateurs) et mes propres notes personnelles qui doivent rester privées (mes notes, avis, commentaires, répertoire perso…). Pour faire simple, elle combinerait Google Maps (pour les plans et les trajets car c’est l’endroit où je stocke mes adresses préférées – restaurants, boutiques- sur la carte : je trouve que c’est plus visuel sous forme de plans) avec EverNote (je suis un grand fan de cette appli qui offre un outil de prise de note, de scan d’articles, de stockage en mode cloud de documents, etc.).

Par ailleurs, je rêve d’un agrégateur d’applis des compagnies aériennes pour avoir à un même endroit tous mes vols et programmes de fidélité, et pouvoir ainsi acheter des billets en les combinant. Car malgré les grandes alliances aériennes de type SkyTeam ou StarAlliance, les compagnies restent assez cloisonnées.

Appréciez-vous de voyager pour le business ? Qu’est-ce qui vous plait / Ne vous plait pas ? 

J’apprécie les déplacements pro avec modération. C’est utile pour aller à la rencontre de ses collègues de travail ou de ses partenaires pro car souvent rien ne remplace une rencontre physique et des échanges réels qui rendront plus efficaces les relations à distance ensuite. Mais je ne suis pas favorable pour multiplier les déplacements, surtout à l’ère des visioconférences et des messageries. Et puis, il faut aussi dire que se déplacer prend du temps et consomme beaucoup d’énergie. La réalité d’un déplacement pro n’est pas “glamour » : voyager seul, se lever tôt pour prendre le premier train ou le premier vol à Roissy ou Orly, passer une grande partie de sa journée dans les transports et finir par un retour souvent tardif à son domicile.

Pour vous, voyage d’affaires rime avec…. 

Efficacité. A l’heure des nouvelles technologies, se déplacer professionnellement doit apporter une vraie valeur ajoutée et justifier les frais engagés et le temps passé. L’un des bénéfices est le rapport humain direct qui facilitera la bonne conduite d’un projet et la connaissance plus réelle du contexte local. Rien de mieux que de se rendre sur place pour intégrer un environnement de travail. Lorsque nous organisons l’assemblée générale des actionnaires, il est parfois nécessaire de réaliser 3 à 4 visites de repérage du lieu en région avant l’événement. C’est le meilleur moyen de s’approprier un espace (centre de congrès, salle de conférence) avec notre équipe-projet, et de préparer au mieux la réalisation de ce type d’événement. Et avant le jour J pour l’organisation de ce type d’événement, je viens 1 à 2 jours avant pour prendre mes marques et m’assurer que tout prend forme comme prévu.

En déplacement pro, vous êtes davantage hôtel ou AirBnB ?

Jusqu’à présent c’est uniquement en hôtel car, à ma connaissance, l’offre AirBnB n’est pas proposée dans notre outil de réservation. Pour la prolongation du séjour à titre personnel, c’est souvent tentant mais rarement faisable (car les dates de déplacements ne coïncident pas toujours à un agenda perso, un week-end,…). Donc je n’en fais pas du tout une habitude dans un déplacement pro. Si par contre, ça peut se faire, car tout s’enchaine bien, alors j’en profite pour prolonger le temps d’un week-end dans une ville que j’apprécie ou dont je profite pour la découvrir.

Faites-vous du bleisure ?

Lorsque j’ai la possibilité de le faire (en gros 1 voyage sur 4), c’est souvent après. Une fois la mission réalisée, c’est une occasion de reprendre son souffle. C’est souvent l’occasion de voir des amis qui vivent dans cette ville car c’est toujours plus agréable que d’être solo. Si je suis seul, alors j’apprécie simplement de me promener, de marcher dans les rues, de ressentir l’atmosphère d’une ville ou d’un pays. Passionné d’architecture et de design, je cherche toujours à voir un bâtiment nouveau, un quartier rénové ou une expo à ne pas manquer que je ne verrais pas à Paris. Et si la météo le permet, j’en profite pour faire un footing. C’est une façon agréable de découvrir un lieu nouveau, de le voir sous un angle différent, et de se l’approprier plutôt que de s’en sentir un simple touriste.

Préparez-vous ce temps bleisure avant de partir en déplacement ?

Je demande souvent les avis de mes collègues locaux pour connaitre les bonnes adresses, les choses à voir, les restaurants. Je suis aussi un grand fan des guides, surtout les city-guides apparus depuis une dizaine d’année comme WallPaper ou Monocle. Ils sont souvent très adaptés à ces courts séjours urbains, avec une sélection très pointues de choses à voir ou à faire, plutôt qu’un catalogue inexploitable d’adresses qu’on trouve dans les « gros » guides.

Pour vous, le bleisure est-il un phénomène nouveau ?

Il a toujours existé, mais on n’avait pas mis de mot dessus. A mon sens, c’est nouveau qu’on utilise un terme spécifique. D’ailleurs, il serait intéressant d’avoir sa traduction en français. A l’heure où vie pro et vie perso tendent à se mélanger, cela décrit bien ce phénomène où les pistes sont brouillées y compris dans le cadre des déplacements.

Quelle est votre pire angoisse ou source de stress en déplacement ? 

L’un de mes stress est de ne plus avoir de batterie sur mon téléphone en fin de journée (car je n’ai pas eu le temps de le recharger de toute la journée) et de ne pas pouvoir afficher ma e-carte d’embarquement juste avant de monter dans l’avion ou le train.

Une autre source d’inquiétude est de rater mon train ou mon avion. Ce n’est pas tant pour moi que pour mes collègues qui m’accompagnent ou mes contacts qui m’attendent sur place, et toute la logistique à remettre en place.

A Paris, il est souvent difficile d’estimer les temps de transports pour se rendre aux aéroports. J’ai tout essayé : taxis, RER, cars Bus Direct de Paris Aéroport (les ex-Cars Air France), et souvent ça se décide à la dernière minute en fonction des conditions du jour (trafic sur la route, panne RER, grèves, etc.) C’est une vraie source de stress car on ne sait jamais ce qui va se passer. Je rêve de la création du fameux train « CDG Express » pour relier non-stop Paris et Roissy-CDG, dans l’idéal toutes les 15 minutes en moins de 30 minutes de trajet. Si le service est fiable et régulier, ce serait un vrai avantage compétitif pour une ville comme Paris. J’ai pu tester ce type de liaisons à Stockholm ou Sydney, et c’est un outil formidable : plus la peine de prendre des marges de sécurité gigantesques, on peut partir à la dernière minute et être sûr de monter dans l’avion.

L’une des innovations intéressantes récente à Paris que j’ai constatée cette année est la mise en place de forfaits tarifaires taxis entre Paris et les aéroports (Roissy et Orly). C’est -enfin- une excellente initiative. Ça existe depuis plus de 25 ans entre l’aéroport JFK à New York et Manhattan, et c’est un vrai argument pour prendre un taxi, surtout dès qu’on est 2 ou 3 passagers.

Quelle est le « truc » que vous préférez en déplacement ? 

Je crois que durant un déplacement sur une journée, et malgré la fatigue que j’évoquais, j’apprécie toujours cette sensation exceptionnelle de pouvoir traverser plusieurs vies dans une même journée : se lever à Paris, prendre un café à Milan et retrouver des amis à diner à Paris le soir même, en ayant croiser autant de tranches de vie différentes en 10 à 12 heures de temps.

Comment vivez-vous personnellement la solitude en déplacement professionnel ? 

En déplacement pro, cela ne me pose pas de problème particulier. Je voyage toujours avec une liseuse Kindle, j’ai donc toujours un livre ou deux qui me tiennent compagnie, parfois des magazines ou des journaux. Je me déplace aussi toujours avec mon appareil photo (un Panasonic Lumix TZ70). Fan de photographie, mais aussi d’architecture, j’en profite pour faire mes mini-reportages. Enfin mon smartphone personnel est un formidable compagnon de voyage : que ce soit pour y retrouver ma musique, mon appli Nike Running, mes photos, rester en contact avec mes amis, prendre des notes de voyages, consulter des guides,… bref, difficile de s’ennuyer.

Mais les seuls moments où je trouve cela difficile sont les repas. Rien de plus triste que de devoir diner seul dans un restaurant. J’ai donc pris l’habitude d’éviter les restaurants « formels », donc de diner léger et de privilégier des snacks rapides, des comptoirs de brasserie ou des terrasses, bref tout sauf seul face à une grande nappe blanche dans une salle de restaurant bondée.

Cher Xavier, un très grand merci pour votre temps et pour vos réponses très complètes. Notons que vous êtes notre premier voyageur d’affaires interviewé sur Bleisure.fr et à ce titre, merci également de votre confiance.

Chers lecteurs, si vous aussi vous souhaitez nous faire part de votre expérience de voyageur, n’hésitez pas à nous écrire par ici !

 

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